Interdiction des bagarres dans la LHJMQ : est-ce vraiment une bonne idée?

Henri Agin
Le Centre Georges-Vézina, à Chicoutimi. Un des 18 arénas où les partisans ne verront pas de bagarres à partir de la saison 2023-24.

Henri Agin

C’est maintenant officiel: les bagarres seront bientôt interdites définitivement dans la Ligue de Hockey Junior Majeur du Québec (LHJMQ). Cette décision a été saluée par certains, mais a également suscité des critiques de la part de ceux qui croient que les bagarres font partie intégrante du hockey.

L’Assemblée des membres de la ligue a voté pour l’abolition des combats en début mars. Elle devient la première ligue de hockey junior au Canada à interdire les rixes. Depuis de nombreuses années, ce sujet fait polémique et beaucoup se demandaient justement si ce n’était pas le temps d’évoluer et de tout simplement les bannir du jeu. La ligue accueille des joueurs âgés de 16 à 20 ans et c’est justement dans l’espoir de protéger la sécurité de ces jeunes joueurs, à peine adulte, que cette dernière a décidé de les interdire.

Depuis qu’elle a été nommée ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein-Air, Isabelle Charest s’est montrée très claire: les batailles doivent être éradiquées dans la LHJMQ. Elle ne s’en cache pas, c’est un de ses buts principaux depuis sa nomination à ce poste.

L’ex-dur à cuire de la LNH et maintenant député libéral dans la circonscription de Marquette, Enrico Ciccone, est du même avis. « La société du Québec et en Amérique du Nord on accepte encore que de jeunes mineurs laissent tomber leurs gants puis se frappent à point nu dans le visage […] mais toutes les fins de semaine, ce qui est ironique, c’est que tu peux aller dans un aréna puis aller voir un match de la LHJMQ où possiblement, il y aurait encore des mineurs qui peuvent laisser tomber leurs gants. »

Les bagarres se font de plus en plus rares, rapporte M. Ciccone. Selon les chiffres de la LHJMQ, 88% des matchs de la LHJMQ, ont été disputés sans bagarre en 2022-2023, 85 combats en 612 matchs. À titre de comparatif, en 2004-2005, il y avait eu 725 combats en 560 matchs de saison régulière.

Malgré cela, tous ne sont pas d’accord avec cette décision. « Selon moi, j’ai encore l’impression que les batailles sont utilisées intelligemment et qu’elles ne sont pas nocives au sport », explique l’arbitre de Montréal-Élite, Mathias Gervais. « Ça fait partie du hockey de défendre ses coéquipiers, défendre ses joueurs étoiles, puis je pense vraiment que si l’on annule les bagarres, ils [les durs à cuire] vont commencer à tout se permettre. »

Rappelons que la nouvelle réglementation entrainera une pénalité de match automatique.