Du renouveau pour l’aide médicale à mourir

Crédit photo : Étienne Meunier
Le sujet délicat de l’aide médicale à mourir est en questionnement à l’Assemblée nationale.

Étienne Meunier

Le projet de loi 11 de la CAQ élargissant l’aide médicale à mourir est salué par le Collège des Médecins du Québec (CMQ). Cependant, des experts soulèvent quelques doutes.

Le médecin en soins palliatifs pour le CHU de Québec – Université Laval, Dr Alain Naud, spécialiste de l’aide médicale à mourir (AMM), affirme que la loi actuelle du Code criminel canadien est plus permissive que celle dans notre province. « Il faut que le Québec puisse harmoniser sa loi avec la loi fédérale. » Selon lui, les médecins sont obligés d’interpréter les lois en plus de les appliquer et ce nouveau projet ne règle pas entièrement le problème.

Le projet de loi 11 a également pour but d’élargir les critères d’admissibilité aux soins de fin de vie. Un médecin de famille en Estrie, le docteur Jean-François Nantel, affirme que le serment des médecins a pour objectif de ne pas nuire. « C’est surtout d’aider et quelqu’un qui souffre […] on veut l’aider. » Il souligne que seules des convictions personnelles forceraient un médecin à refuser d’appliquer ces soins.

L’intégration des handicaps neuromoteurs dans le projet, tels que la paraplégie ou l’amputation après un accident, suscite des débats. Le CMQ manifeste que l’utilisation de handicap neuromoteur serait trop restrictive pour l’accessibilité aux soins. Le Dr Naud témoigne qu’il est inutile d’ajouter cette qualification, puisqu’elle est en application partout au Canada depuis 2016 et ne cause aucun dérapage. « On a fait un pas vers l’harmonisation, mais qui est juste une moitié de pas », précise-t-il. Le Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ) est contre l’inclusion des handicaps neuromoteurs. Il juge qu’il serait dangereux, se rapprochant plus du suicide qu’un soin de fin de vie.

Un des importants changements à la loi est la demande anticipée pour l’AMM, selon Dr Nantel. Il s’agirait d’un avancement pour les cas de démence. Un patient qui est encore apte à consentir pourrait demander à l’avance d’obtenir les soins en fin de vie pour un certain stade de la maladie. La démence joyeuse est controversée, puisqu’il faudrait administrer l’AMM à un patient heureux. Le Dr Nantel déclare que les médecins devront tout de même « respecter la volonté du patient ».

Dans les prochaines semaines, les parlementaires entendront des experts pour délibérer sur le projet de loi 11.