Loi 15 : un retour en arrière

Courtoisie

Charles Pinel

« Je trouve que c’est un retour en arrière. J’ai l’impression qu’on retourne vraiment à oublier qu’on travaille avec des humains. » Voilà les commentaires de Pascale Bélanger, infirmière depuis 25 ans, au sujet de la réforme du système de santé du ministre Christian Dubé.

Parmi les mesures principales proposées par cette réforme, présentée dans le projet de loi 15, on retrouve la création de la société d’État Santé Québec, qui deviendrait l’unique employeur des travailleurs du système. Cette société se verrait attribuer la tâche d’offrir les différents services de santé en passant par les établissements publics, en plus de coordonner les activités des centres privés.

Mme Bélanger, qui œuvre à l’hôpital de la Cité-de-la-Santé (Laval) depuis maintenant 15 ans, craint les effets que peuvent avoir un retour à la centralisation du système de santé. Parmi ses inquiétudes, on retrouve la perte du caractère unique des établissements, ce qui fait écho aux préoccupations soulevées par six anciens premiers ministres, dans une lettre adressée à François Legault, à la fin octobre.

Autre nouveauté avec la création de Santé Québec, les employés conserveraient leur ancienneté à la grandeur du Québec, et non plus seulement au sein des CISSS ou des CIUSSS qui les emploient. Cette mesure a pour but de conserver les travailleurs du système de santé qui considèrent changer de région, en plus d’attirer de nouveaux salariés. Même si Mme Bélanger salue cette intention, elle croit toutefois que ce changement de réglementation peut engendrer des effets tout autant négatifs, notamment l’exode des employés. « Est-ce qu’on va en garder? Peut-être. Mais il va y avoir des centres qui vont être plus démunis que d’autres. »

Interrogée au sujet des améliorations que pourrait apporter M. Dubé à sa réforme, Mme Bélanger n’a qu’un seul message pour le ministre : « Venez voir comment ça se passe sur le plancher. Écoutez un peu ce qui se passe ‘’en bas’’. »