L’éducation à la sexualité en crise dans les écoles du Québec

Emmanuelle Vérité-Lapointe
Les cours d’éducation à la sexualité devraient contenir de l’information sur la santé sexuelle, les relations, l’orientation sexuelle, le consentement et bien plus.

Emmanuelle Vérité-Lapointe

L’éducation sexuelle dans les écoles primaires et secondaires du Québec n’est pas suffisante selon un enseignant de biologie de la sexualité au Cégep de Jonquière. Un manque de ressources dans les écoles laisserait les élèves peu informés.  

Depuis 2018, un programme d’éducation sexuelle est obligatoire pour les élèves du primaire et du secondaire. En réalité, une grande partie du contenu n’est pas enseignée. L’enseignant Jean-François Lambert explique que c’est difficile pour les enseignants qui ont reçu cette tâche contre leur gré. « Quand on envoie des sujets qui peuvent mettre beaucoup de gens mal à l’aise dans la cour des profs qui n’ont pas de formation, sans leur donner de formation et sans leur donner de ressources, c’est ça que ça donne. »  

Du côté des jeunes, le manque de ressources se fait aussi ressentir. Une élève de cinquième secondaire de l’école Paul-Gérin-Lajoie-d’Outremont, Jasmine Labonté-Leblanc, considère que ses cours sont incomplets. « Je ne pense pas que l’éducation sexuelle qui est donnée dans les écoles soit suffisante. Il y a certaines choses que les jeunes vont apprendre de la mauvaise manière, par exemple par la pornographie », expose-t-elle. 

M. Lambert est d’avis que ces moyens d’éducation sont nocifs. « Internet est un très mauvais prof. Ce n’est pas là que les jeunes vont trouver de la bonne et de la vraie information », explique l’enseignant du cours de biologie de la sexualité. « Ce n’est pas juste d’éduquer, c’est de bien le faire, pour que ça ne soit pas la mauvaise information qui soit le point central de leur éducation. »

L’application du programme d’éducation sexuelle n’est pas homogène dans les écoles du Québec. Jasmine fait partie des quelques chanceux de la province qui ont un enseignant qualifié, mais cela ne fait pas tout. « J’ai la chance que mon prof d’éducation sexuelle ait une formation en sexologie, mais comme tous les profs, il ne parle pas des vraies affaires. »  

La jeune fille souhaite que plus de contenu soit enseigné. « J’aimerais qu’on brise les tabous entourant la sexualité. Si j’avais seulement eu les informations qu’on m’a données à l’école et que je n’avais pas cherché ailleurs, je serais vraiment limitée. »

M. Lambert pense qu’il est essentiel que les jeunes aient une éducation sexuelle suffisante rapidement. « Il faut pousser pour que le programme soit appliqué correctement et de façon uniforme dans les écoles », affirme-t-il. L’enseignant soutient qu’il y a encore beaucoup de travail à faire.