La hausse des loyers enflamme le marché locatif

Laurence Trahan
Le Québec enregistre un taux d’inoccupation des logements de 1,7 %, pour 2023, soit le taux le plus bas enregistré depuis 20 ans.

Laurence Trahan

Les effets de l’inflation, mêlés à la crise du logement, laissent les locataires et les propriétaires dans une impasse. Plusieurs augmentations de loyer surpassent les taux d’ajustement recommandés pour 2023 par le Tribunal administratif du logement (TAL).

Le TAL propose une augmentation d’au moins 2,8 % pour les logements chauffés à l’électricité et de 2,3 % pour ceux non chauffés. Pour une deuxième consécutive, ces taux battent des records.

Toutefois, la coordonnatrice de l’organisme Loge m’entraide, Sonia Côté, constate que certaines augmentations proposées par les propriétaires se situent bien au-delà des taux conseillés par le TAL. « Les hausses de loyer sont souvent entre 5 à 15 % au-dessus de ce qui est suggéré. On a vu des locataires qui ont eu des hausses allant jusqu’à 20 %. » Elle s’insurge que pour certains locataires, cet ajustement peut représenter une augmentation de 100 $ par rapport à leur loyer initial.

Le directeur des affaires publiques et des relations gouvernementales à la Corporation des Propriétaires Immobiliers du Québec, Marc-André Plante, précise que cette recommandation annuelle ne représente pas une obligation légale, les propriétaires sont libres d’appliquer ou non les taux suggérés.

« Il existe autant de formules de calcul que de bâtiments et chaque logement aura un pourcentage d’augmentation différent parce que d’une situation à l’autre, il y a une réalité différente », précise-t-il. Parmi ces facteurs, M. Plante nomme l’augmentation exacerbée du coût des taxes foncières, des primes d’assurances ou des chantiers de rénovation par la hausse du coût de la vie.

Crise du logement

M. Plante constate que le marché locatif est sous pression. « La demande est très forte et l’offre est de moins en moins grande. »

Dans le contexte de crise du logement actuel, le directeur remarque que certains locataires sont prêts à offrir un prix plus élevé que celui affiché. « Les gens veulent se loger et il manque de logements », ajoute-t-il.

Cette dynamique complique la situation pour les moins fortunées plaide Mme Côté. « Une personne sur l’aide sociale en 2023 a un revenu de 770 $ par mois et le coût moyen d’un 3 ½ à Saguenay est de 543 $. Il ne lui reste que 227 $ pour combler ses autres besoins essentiels. »

Pour équilibrer l’offre et la demande, Marc-André Plante croit qu’il faut construire plus de logements. Si Mme Côté acquiesce, elle milite pour plus de subventions visant la création de logements sociaux appartenant à la collectivité.