La mauvaise maitrise du français menace la littérature

Thomas Pusset
Le rapport La maitrise du français au collégial: le temps d’agir ne fait pas l’unanimité.

Thomas Pusset

Le dernier rapport sur la maîtrise du français au collégial dérange. L’étude mandatée par le ministère de l’Enseignement supérieur du Québec propose des recommandations qui divisent.

Le 10 mars 2023 dans un rapport demandé par le ministère de l’Enseignement supérieur, trois expertes de la langue française ont étudié pendant quatre mois la maîtrise de la langue française et son impact sur la réussite étudiante. À travers ses 85 pages, le constat est clair: pour améliorer la maîtrise de la langue chez les étudiants, il faut mettre l’accent sur l’apprentissage du code linguistique.

Une bonne chose en principe, car se focaliser sur le français dans la formation générale permettrait de pallier aux problèmes. Seulement le rapport n’a pas été très bien accueilli par certains enseignants au collégial qui y voient une mise à mort de la littérature. Enseignante au Cégep de Jonquière en littérature depuis presque trente ans, Doris Hélène Guérin exprime son incompréhension. «Ce que je trouve un peu particulier avec ce rapport-là, c’est qu’on décide de faire des changements par le haut et non pas des changements par le bas. […] Le problème nous on travaille avec on ne le règle pas.»

Mettre de côté la littérature pour se consacrer plus à la grammaire ne serait d’ailleurs pas une solution. L’enseignement de la littérature au collégial permet de donner un réel bagage de culture littéraire. Une connaissance qui participe à l’apprentissage de la langue. «Une de nos voies d’action proposée était de faire de la langue française une fierté. C’est quelque chose aussi qui se perd énormément.[…] C’est une fierté la langue, c’est ça notre culture », ajoute l’enseignante.

Du côté des étudiants, beaucoup sont conscients du problème. C’est le cas d’Océane Renaud-Plourde, étudiante en sciences humaines au Cégep de Jonquière. « Les cours de littérature sont faits pour une personne qui à tous ses acquis du secondaire, mais là il y a un pont qui est brisé. Souvent, les élèves n’aiment pas les cours de littérature parce qu’ils ont de mauvaises notes à cause des fautes.»

Pour y remédier, certains trouvent que ce n’est pas un si grand mal de se tourner vers la linguistique. Étudiant en sciences humaines au Cégep de Jonquière Shawn Desbiens nuance un peu. «Garder des cours de littérature, je pense que oui c’est important, mais c’est clair que modifier quelques cours pour les axer plus sur la langue, la grammaire je pense que c’est une bonne chose.»